Du côté de Prague, certains monuments revêtent une importance fondamentale, à commencer par le Mur John Lennon (Zeď Johna Lennona, Velkopřevorské nám., 118 00 Malá Strana).
Symbole d’une jeunesse en furie, révoltée, avide de goûter aux joies de la liberté, ce mur a longtemps été le point central d’un mouvement contestataire qui, peu à peu, a pris un poids considérable au sein de la société tchèque.
Mur Lennon de Prague : comment l’idée est-elle venue ?
Tout remonte à l’époque soviétique. Fatiguée de devoir vivre en fonction des règles dictées par Moscou, la jeunesse praguoise se fait l’écho d’une République Tchèque dont le seul et unique objectif est de faire entendre sa voix.
Inspirés, certains artistes vont alors braver les interdits au péril de leur vie avant d’utiliser ce lieu afin de rendre hommage à un certain John Lennon. La mort du Beatles, symbole de l’engagement et de l’aspiration à être libre, marque profondément la société.
Résultat, afin de le célébrer, certains vont peindre, de nuit, le portrait du chanteur. Une idée inédite qui aujourd’hui encore fait date. Résultat, à chaque voyage, les amateurs de musique et de dessin aiment s’y rendre.
Mur Lennon Prague : le régime communiste, contre
Bien entendu, la portée de cette peinture est plus importante qu’un simple hommage, Lennon représentant tout ce que l’ex-URSS méprisait. Résultat, les forces de l’ordre tchèque vont effacer le visage du chanteur en le recouvrant de peinture.
Soucieuse de préserver l’unité de son territoire et surtout, d’étouffer le plus rapidement possible le moindre mouvement, la moindre étincelle revendicatrice, les services communistes mettent donc la pression sur la jeunesse tchèque.
Toutefois, cette dernière a appris la résilience et cette fois-ci, ne compte pas se laisser faire, persuadée que le mur, qui n’est pas encore appelé le mur John Lennon de Prague, peut devenir un vrai symbole en République tchèque.
Beatles : signe de résilience chez les tchèques
Le soir même, certaines personnes bravent une nouvelle fois les autorités et se rendent ainsi du côté du mur.
Là encore, ils y peignent le visage de John Lennon. Une fois, puis deux. Le symbole est fort, le message est envoyé, les communistes se retrouvent dès lors bousculés.
Le mur lui, devient une manière pour les étudiants praguois et pour les anti-communistes d’exprimer leurs opinions, notamment grâce à l’art et aux graffitis.
Gustáv Husák entame la répression
Source : TASR
Les étudiants, eux, ne lâchent rien et, inlassablement viendront recouvrir le désormais « Mur Lennon » de graffitis et de messages leur tenant à cœur… Mais cet attrait pour l’art ne plaisait vraiment pas au régime.
Fin de la guerre, besoin de paix, fin de la dictature, les Tchèques y font alors passer toutes sortes de messages avant que le pouvoir, dirigé par Gustáv Husák, ne se mette à recouvrir toutes ces inscriptions.
Un symbole d’expression au coeur de la capitale tchèque
Aujourd’hui, le mur est devenu un symbole d’expression, même si les lieux sont amenés à changer. Les autorités ont effectivement eu peur que des touristes, notamment saouls, se mettent à y écrire des messages loin de l’intérêt premier du mur.
Fermé en octobre 2019, rouvert en novembre, le mur est désormais surveillé par des caméras. Toutefois, les autorités n’ont pas laissé ce mur blanc, mais ont demandé à des artistes, dont le fameux Pavel Šťastný de s’occuper de le rénover afin de lui rendre ses lettres de noblesses.
Soucieux de garder l’essence même du Mur Lennon, ce dernier a réussi à obtenir l’aval des autorités afin de laisser quelques parties blanches, pour que des touristes puissent continuer à y écrire des messages de paix et d’amour.
Mur Lennon : Prague s’engage pour le préserver
Attention toutefois, il ne sera possible d’y laisser votre message qu’à l’aide d’un feutre, les bombes de peintures étant désormais interdites. En outre, il y sera également interdit de s’y produire dans le but de gagner de l’argent. De nombreux musiciens des rues avaient tendance à se rendre face au mur afin d’y chanter des titres des Beatles aux touristes, dans le but de récupérer un peu d’argent.
Une activité désormais interdite par les autorités, qui souhaitent guider les touristes dans leur processus de commémoration de la paix et de l’amour, l’objectif premier de l’art dépeint sur ce site. Pour toutes ces raisons, cet édifice figure sur notre liste des monuments hors des sentiers battus à découvrir lors de votre voyage au cœur de la capitale de République tchèque.